Pour voir le dossier complet sur les types de démocratie :
Types de démocraties
Ce dossier passe en revue les différentes composantes de la démocratie : mode d’exercice de la souveraineté, type de régime, type de représentation, type de scrutin
Définitions
Démocratie : il n’existe pas de définition stricte de la démocratie. Il y a autant de démocraties qu’il y a de pays et de systèmes gouvernementaux s’en réclamant ou s’en étant réclamé dans l’Histoire. Par cet usage, nous pouvons dire que la démocratie est, au minimum, un mode d’organisation du pouvoir d’un État qui permet aux citoyens de s’exprimer, en opposition aux régimes autoritaires.
On peut distinguer trois grands types de démocratie selon les modes d’expression du peuple :


Démocratie directe : système gouvernemental dans lequel les décisions sont directement prises par les citoyens. L’outil associé à la démocratie directe est donc le référendum par lequel les citoyens s’expriment sur ces décisions.
Ce type de démocratie n’existe pas en tant que tel à un échelon national (même si certains régimes prévoient le recours au référendum), mais on observe quelques exemples aux échelons locaux (cantons suisse de Glaris et Appenzell Rhodes-Intérieures, assemblées communales de Nouvelle-Angleterre, etc.).
Voir l’article sur le système démocratique de la Confédération Suisse.
Démocratie élective : système gouvernemental au sein duquel des représentants du peuple sont élus par celui-ci (parlementaires et/ou président). Aujourd’hui, il s’agit du système préférentiel, en place dans toutes les démocraties du monde.
Plusieurs nuances peuvent être apportées au sein de la démocratie élective selon la répartition des pouvoirs entre le parlement et le président :
- Démocratie présidentielle : États-Unis
- Démocratie semi-présidentielle : France
- Démocratie parlementaire : Allemagne


Démocratie par tirage au sort (stochocratie) : il s’agit d’une démocratie représentative dont les représentants ne sont pas élus mais tirés au sort parmi les citoyens.
Il s’agit d’un système aujourd’hui inexistant au niveau national, mais ayant existé par le passé, notamment dans les républiques italiennes de Venise et de Florence, ainsi que dans la république athénienne.
Concepts croisés
Ces trois blocs ne sont jamais parfaitement cloisonnés. Bien que tous les pays aujourd’hui disposent d’un système à dominante élective, il n’en demeure pas moins que certains empruntent des mécaniques de la démocratie directe ou du tirage au sort. De plus, en dehors du système gouvernemental, les modes d’organisation du pouvoir sont en principe plus variés aux échelons inférieurs (états, régions, communes, etc.). De nombreux autres concepts de démocratie ont ainsi émergé sur la base de ces mariages entre les trois blocs de la démocratie.

Démocratie participative : cette forme de démocratie est souvent rattachée à des projets spécifiques locaux (construction d’un tramway par exemple) ou à des sujets techniques/éthiques nationaux. Les citoyens sont invités à participer de diverses manières : donner son avis, élaborer, ou voter.
La composante de démocratie directe donne lieu à des débats publics, des concertations, souvent lorsqu’il s’agit de projets locaux, dans lesquels tout citoyen intéressé peut se présenter et participer.
La composante de démocratie par tirage au sort donne lieu aux conférences de citoyens, plus adaptées pour répondre aux problématiques nationales. Exemples : la Convention Citoyenne pour le Climat en France, les Conférences de Consensus au Danemark où le procédé est institutionnalisé.
Démocratie délibérative : il s’agit plus d’un aspect de la démocratie participative que d’une mécanique à part entière. Elle s’intéresse à la dynamique des opinions au sein d’une discussion entre citoyens. Ceux-ci doivent être en mesure de s’exprimer et d’être entendus, car la discussion permet de modifier et de faire évoluer les avis de chaque citoyen.

Démocratie délégative (liquide) : il s’agit d’une mécanique qui permet aux citoyens d’opérer un choix entre 1. voter directement ou bien 2. donner son vote à un représentant qui peut lui-même donner son vote à un autre représentant. Ce système emprunte donc à la fois à la démocratie directe et représentative.
Il existe plusieurs exemples de démocratie liquide, notamment au sein d’organisations politiques : le parti pirate (Allemagne principalement), le syndicat international IWW, le parti Demoex en Suède
Concepts internes à la démocratie élective
La démocratie élective étant la forme la plus appliquée en pratique aujourd’hui, c’est elle qui bénéficie le plus de travaux de recherche théorique. On peut donc considérer plusieurs types de démocraties électives, non pas selon leur structuration, mais selon les dynamiques qui les animent.

Démocratie de partis : la nature de l’élection conduit à l’agglomération des opinions au sein de partis politiques qui élisent en leur sein des candidats uniques à présenter aux élections nationales. Dans une telle démocratie, ces partis disposent d’une forte influence sur le débat public, et monopolisent la fonction de Président et une large majorité des parlementaires. Cette situation crée une dynamique d’opposition entre le parti au pouvoir et les autres partis, qui anime les débats du parlement et constitue un véritable contre-pouvoir.

Démocratie de l’opinion publique : situation au sein de laquelle les partis politiques ne représentent plus une majorité des citoyens, et où ceux-ci votent davantage pour des candidats que pour des programmes politiques. Cette transition avec la démocratie de parti est accélérée par la facilité d’accès aux réseaux sociaux et à internet qui permettent aux candidats de construire leur image.
A mon avis, il n’y a, philosophiquement qu’un seul type de démocratie et plusieurs types de tentatives de mise en oeuvre.
La démocratie consiste à donner le pouvoir au peuple. Sur le plan philosophique, cela ne repose sur aucune spéculation intellectuelle, mais au contraire sur un postulat : est démocrate celui qui part du principe de l’égalité stricte de tous les êtres humains en tant que sujet au sens philosophique du terme, c’est-à-dire au sens de subjectif et non au sens politique de sujétion.
En effet, le sujet est une personne soumise à l’autorité souveraine dans ce que la IIIème République nous a appris du rapport entre les humains et l’Ancien Régime, ce que la Révolution française aurait changé. La tradition philosophique oppose le sujet à l’objet pour souligner la capacité humaine à avoir conscience de soi-même et à se considérer comme un être libre et responsable de ses actes. Une ambiguité terminologique peut faire entrer la contradiction jusqu’à l’antinomie. C’est la raison pour laquelle de nombreux philosophes donnent le même sens aux mots démocratie et anarchie, ce qui est généralement incompréhensible par nos contemporains parce que la plupart des républicains ont inséré l’élection pour valider la souveraineté étatique.
Un seul type de démocratie au sens philosophique, mais de multiples régimes. Les mises en oeuvre pour tendre vers la démocratie vont du potlach des sociétés primitives au jugement majoritaire en passant par le tirage au sort, le vote, la notion de mandat et un grand nombre de méthodes de contrôle de la gouvernance. Les problèmes de nombre et de durée sont récurrents. Mais le plus difficile est dans l’égalité de l’accès au savoir objectif pour permettre l’expression réelle des subjectivités individuelles. La publicité des données objectives est un problème majeur tant pour la définition des enjeux nécessaires à l’élaboration de décisions que pour le contrôle de leur exécution administrative. Ce qui est toujours contradictoire avec l’aspiration à la souveraineté des appareils politiques qui tendent à produire des services secrets, des polices, et une privatisation de ces savoirs au bénéfice de ses détenteurs par supposée délégation. La délégation démocratique peut-être une nécessité pour faciliter la recherche de la volonté collective et sa mise en oeuvre administrative, mais elle est forcément une perversion quand elle entre dans le contrôle de l’appareil politique.
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Dans le dernier schéma, les intérêts financiers sont présents, il me semble que de parler de démocratie sans connaître le poids des acteurs économiques n’a pas d’intérêt en 2021. Dans nos démocraties, les candidats doivent lever des fonds pour financer leurs campagnes électorales, le bon côté, c’est qu’il doivent réussir à convaincre… mais convaincre… des intérêts financiers! Cela me semble incohérent avec la démocratie. Dans mon rêve de démocratie, les financeurs verseraient leur soutien dans un pot commun au bénéfice de la démocratie, mais en rien ils ne pourraient décider qui recevra leur argent. Les capitaux rassemblés dans ce pot commun seraient ensuite reversés aux candidats, par exemple, selon le nombre de votes qu’ils ont obtenus ou d’une autre façon.
En lisant « une Terre promise » d’Obama, je me suis vraiment dit que les sénateurs américains n’avaient en réalité aucune marge de manœuvre pour voter en leur âme et conscience, la démocratie est complètement biaisée quand des élus ou nommés gardent leur siège pendant des années, leurs décisions ne semblent plus avoir de lien direct avec la réalité des citoyens. Ils arrivent avec des idéaux et ils finissent avec des menottes aux mains et aux pieds, guidés par les intérêts économiques des plus forts.
Internet peut totalement changer notre approche de la démocratie car nous n’avons plus besoin d’un représentant unique et pyramidal pour une organisation. Pourquoi garder un modèle pyramidal quand nous pouvons nous adresser facilement à divers citoyens qui connaissent vraiment le sujet évoqué? Est-ce que les plus hauts responsables doivent avoir un pouvoir décisionnel ou un pouvoir consultatif? Leur rôle pourrait-il devenir d’apporter la vue globale, tous les tenants et les aboutissants, pour que des acteurs du domaine concerné puissent prendre des décisions favorables au bien commun?
Pourrait-on imaginer des représentants du peuple cooptés par les citoyens locaux au niveau local, reconnus dans leurs compétences et qui peuvent être appelés à prendre des responsabilités à des niveaux plus globaux, sur un sujet ou pour une période de temps?
Si les ordinateurs étaient utilisés pour l’aide à la décision en enlevant les nombreux biais cognitifs humains, cela demande encore du travail car aujourd’hui, les réponses des ordinateurs sont sexistes par exemple, mais on peut concevoir que les ordinateurs pourraient proposer des options dans lesquelles corruptions, réseaux personnels et autres privilèges soient drastiquement réduits. Dans ce cas, politiques et acteurs économiques pourraient être les mêmes personnes. Une carrière purement politique n’aurait plus de sens. Les décisions pourraient-elles être prises beaucoup plus à des niveaux locaux avec des synergies aux niveaux plus globaux pour assurer la justesse et la justice entre les territoires?
Avec les ordinateurs et leur puissance de calcul et de capacité à comparer, la démocratie de demain devrait adopter un modèle qui n’a encore jamais existé, car nous sommes dans une configuration, avec le développement de l’intelligence artificielle, que nous n’avons jamais connue dans l’histoire de l’humanité.
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